samedi 22 janvier 2011

Anna Karénine, Tolstoï



Ma note: 8/10

Voici "Anna Karénine" expliquée par Kundera : «Quand Tolstoï a esquissé la première variante d'Anna Karénine, Anna était une femme très antipathique et sa fin tragique n'était que justifiée et méritée. La version définitive du roman est bien différente, mais je ne crois pas que Tolstoï ait changé entre-temps ses idées morales, je dirais plutôt que, pendant l'écriture, il écoutait une autre voix que celle de sa conviction morale personnelle. Il écoutait ce que j'aimerais appeler la sagesse du roman. Tous les vrais romanciers sont à l'écoute de cette sagesse suprapersonnelle, ce qui explique que les grands romans sont toujours plus intelligents que leurs auteurs. Les romanciers qui sont plus intelligents que leurs œuvres devraient changer de métier.»

C'est probablement le plus classique des romans que j'ai lu. Par là, j'entends le style de l'écrivain, qui est d'une beauté et d'une précision sans faille. J'entends aussi son histoire, qui a su toucher toutes les critiques littéraires du xxe siècle. La longueur aussi du bouquin - qui est un point trop souvent sous-estimé selon moi par les critiques - qui compte 858 pages. C'est long à lire mais sans être excessif non plus. Donc, je conseillerais ce livre à quiconque veut lire un classique de la littérature. Sur ce point, on ne peut se tromper.

Par contre, ce texte a les défauts de ses qualités. Bien qu'il soit parfait, c'est justement là mon problème. Il est trop parfait selon moi. Il ne prend pas assez de risques, comme Dostoievski en a pris, par exemple, avec ses romans. Tout est parfait, les dialogues, la narration. Les mots choisis par l'auteur sont toujours justes. En creusant un peu, j'ai cru voir qu'il manque une âme à ce roman. Mais ça, c'est seulement mon opinion. Même si la prose de Tolstoï a bien vieilli, ça reste un classique et donc, il n'est pas toujours facile à suivre. Chaque chapitre est une scène de la vie courante sans avoir beaucoup de liens entre eux.

Avant de vous laisser, j'aimerais vous dire que les cent dernières pages sont à mon avis de beaucoup supérieures au reste. Elles m'ont renversé. À travers un personnage du roman (je vous laisse découvrir qui!) Tolstoï nous parle de ses interrogations philosophiques, spirituelles et en fait, métaphysiques. C'est de la grande écriture! Alors, voici un bon roman....presque trop parfait!!

2 commentaires:

  1. Bonjour,

    Il existe une trame qui se dessine (ou se forme) au gré d'une série de fractures s'opérant chez les différents porteurs du récits : Levine au désespoir devant la liaison Kitty-Vronski; Kitty sombrant dans la maladie suite au coup de foudre Vronski-Anna; Alexis Karenine voyant fuir tout ce qu'il croyait faire sa réussite en apprenant l'aventure d'Anna. Et le lien qui resserre la trame est peut-être à chercher du côté d'un autre couple en crise : Dolly-Oblonsky. Certes, il semble manquer de liens entre les chapitres, mais on aperçoit régulièrement des noeuds : visites, rencontres hasardeuses, etc. N'oublions pas que l'événement principal de l'histoire (l'adultère Anna-Vronsky) soutient tout le reste.

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  2. Relecture de ce roman, 30 ans plus tard : découverte totale; à l'époque, je m'étais focalisée sur la relation Anna-Vronsky. Aujourd'hui, je suis frappée par la précision et la vie des descriptions de la vie "naturelle":la chasse au petit matin, le rûcher de Lévine, la simplicité évidente de certains paysans...
    Bref, un régal...

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