samedi 17 décembre 2011

L'Art français de la guerre, Alexis Jenni



Ma note : 8,5/10

Voici la quatrième de couverture: J’allais mal; tout va mal; j’attendais la fin. Quand j’ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l’avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n’arrive pas à finir, il avait parcouru le monde avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu’aux coudes. Mais il m’a appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l’armée coloniale, mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails. Il m’apprit à peindre, et en échange je lui écrivis son histoire. Il dit, et je pus montrer, et je vis le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l’art français de la guerre qui ne change pas, et je vis l’émeute qui vient toujours pour les mêmes raisons, des raisons françaises qui ne changent pas. Victorien Salagnon me rendit le temps tout entier, à travers la guerre qui hante notre langue.

Je vous assure, j'avais de grande appréhension avant de lire ce roman. Il a gagné le Goucourt de cette année et la dernière fois que j'avais lu un livre parce qu'il avait gagné ce prix, ce fut pour "Les bienveillantes" de Littell. Et j'avais été très déçu, surtout par le style d'écriture de l'auteur que je jugeais, à l'époque, trop simpliste, trop scolaire. Donc, étant donné que "L'Art français de la guerre" a un peu le même thème que "Les bienveillantes", mon appréhension était double.

Mais non, j'ai adoré ce livre. Le style est d'une rare beauté, surtout si on compare à la moyenne de ce qui sort sur le marché. Ce style est riche en vocabulaire, mais en même temps, il est facile à lire. La plus grande qualité qu'un livre puisse avoir selon moi, c'est quand on n'a pas l'impression de lire, que le livre n'est pas "écrit". C'est exactement ce qu'on a avec celui-ci.

Aussi, la construction du roman est agréable et toute en profondeur. On alterne entre les impressions et les commentaires du narrateur, et le récit de la vie de Victorien Saragnon sur les vingt ans de la guerre française.

Par contre, ce roman est à la limite de l'exercice de style. Certains le trouveront ennuyeux. Malgré un titre accrocheur sur la guerre en tant que telle, je ne crois pas que l'auteur explore beaucoup ce sujet. Les descriptions sont nombreuses et malgré quelque 600 pages, on en apprend peu sur les guerres françaises. Je ne connaissais pas du tout ces faits historiques (je ne suis pas français, j'ai donc un bon argument) et le roman ne m'a pas appris autant qu'un livre d'histoire l'aurait fait (certainement pas). Mais peu importe. C'est un grand roman de Jenni. Il le méritait ce Goucourt, sans aucun doute.

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