vendredi 10 février 2012

La convocation, Herta Müller



Ma note: 8/10

Voici la quatrième de couverture: Dans le tramway qui la mène au bureau de la Securitate, où elle a de nouveau été convoquée, la narratrice lutte pour ne pas se laisser entraîner par son angoisse et le sentiment d’humiliation que son interrogateur va s’ingénier à provoquer dès son entrée. Elle a, un jour, osé glisser un message dans la poche du pantalon de luxe qu’elle cousait pour une maison italienne, comme une bouteille à la mer, depuis elle est convoquée... Elle voudrait pouvoir résister... Herta Müller nous transmet l’expérience de la dictature, de la peur et de l’humiliation à travers un style dont les phrases courtes ont la force et l’intensité d’un poème.

Herta Müller est le portrait type de l'auteur que j'aime. Elle écrit majestueusement bien et elle a recréé à la perfection, avec ce roman, le décor du communisme. L'ambiance est froide, malgré une plume poétique, et on pourrait dire que "La convocation" est un peu le pendant littéraire du film oscarisé "La vie des autres". Voici deux oeuvres, même si les récits diffèrent quelque peu, qui nous expliquent l'horreur du 20e siècle encore mieux qu'un livre d'histoire le ferait.

La suspicion devient centrale avec ce roman. Le contrôle aussi, de même que l'inhumanité, la terreur, l'horreur d'un système. Contrairement à "La bascule du souffle" et "L'homme est un grand faisan sur terre", celui-ci est davantage psychologique. On est dans la tête de la narratrice et personnage principal, et son quotidien nous est raconté avec ce prisme.

Par contre, comme c'est le cas pour un auteur comme Cormac McCarthy, Mme Müller a les qualités de ses défauts. Entre autres, la plume éclipse tellement l'histoire que cette dernière est quelque peu édulcorée. En plus, l'intrigue n'étant pas très forte, cela nous situe à des années lumières du thriller. Alors, les lecteurs qui n'aiment pas la poésie (et la prose poétique) se retrouveront avec un récit plutôt fade.

Mais sinon, c'est une grande oeuvre. Le comité du Nobel avait vu juste en récompensant cette auteure presqu'inconnue à l'international (en 2009). Mais malheureusement, seulement quatre de ses livres sont traduits en français. Un vrai drame...

3 commentaires:

  1. J'avais beaucoup aimé ce roman. C'est vrai que l'intrigue est faible et peu articulée mais la langue retranscrit bien la fragilité et l'incertitude de ces existences.

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  2. Tu as bien résumé le roman en une seule phrase.

    Jimmy

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  3. Je l'avait commencé en langue néerlandais(ma langue maternelle) et terminé en français.D'abord avoir peur de ne pas sentir la même subtilité en français, que je pu sentir dans cette livre en néerlandais je l'ai aussitôt retrouvé.Un très beau livre et je comprend pourquoi l'auteur a eu le prix Nobel!!
    marielle w

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