mercredi 14 mars 2012

Étoile errante, J.M.G. Le Clézio



Ma note: 8,5/10

Voici la quatrième de couverture: Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père. Une fois la guerre terminée, Esther décide avec sa mère de rejoindre le jeune État d'Israël. Au cours du voyage, sur un bateau surpeuplé, secoué par les tempêtes, harcelé par les autorités, elle découvrira la force de la prière et de la religion. Mais la Terre promise ne lui apportera pas la paix : c'est en arrivant qu'elle fait la rencontre, fugitive et brûlante comme un rêve, de Nejma, qui quitte son pays avec les colonnes de Palestiniens en direction des camps de réfugiés. Esther et Nejma, la Juive et la Palestinienne, ne se rencontreront plus. Elles n'auront échangé qu'un regard, et leurs noms. Mais, dans leurs exils respectifs, elles ne cesseront plus de penser l'une à l'autre. Séparées par la guerre, elles crient ensemble contre la guerre. Comme dans "Onitsha", avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans "Étoile errante" le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

C'est le roman de Le Clézio que j'ai préféré, jusqu'à maintenant. J'apprends avec cette quatrième de couverture - très complète d'ailleurs - que "Étoile errante" forme un diptyque avec "Onitsha" que j'avais aussi adoré. C'est vrai que ces deux romans ont plusieurs points en communs, mais on peut les lire séparément sans problème. Ce ne sont pas les mêmes personnages, la même histoire, etc. Par contre, ils ont les mêmes thèmes de la fuite, de l'évasion forcée - ou presque - et du dépaysement. Mais je crois que "Étoile errante" est encore plus puissant que "Onitsha".

La quatrième de couverture passe rapidement sur la période de la guerre (1943 dans le roman). Mais cette partie couvre quasiment la moitié du récit. Ce que j'ai beaucoup aimé, parce que les descriptions de Le Clézio sont toutes en poésie. Ensuite - après cette partie - les différents chapitres du roman amènent une profondeur à la prose et à l'histoire en tant que telle. On peut passer d'une narration à la première personne à un narrateur omniscient. Lors des passages plus intimistes, à la première personne, j'ai cru remarquer que l'auteur change quelque peu son style pour faire des phrases plus courtes, plus concises et davantage crédibles pour une jeune fille (la narratrice et personnage principal). C'est réussi et je peux dire que tout est très bien écrit dans ce roman. Un de mes préférés des dernières années.

Pour terminer, ce qui m'a plu, en particulier, c'est la puissance de la poésie. Sur ce point, et sur bien d'autres, c'est de loin le meilleur de Le Clézio. En plus, chaque thème de ce roman me plaît et il situe même son action à Montréal, le temps de quelques pages. Cet auteur semble très attaché au Québec et après Montréal dans celui-ci, il nous parle de Rivière-du-Loup dans "Ourania".

Décidément, j'aime de plus en plus ce grand écrivain.

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