vendredi 6 avril 2012

Et vive l'aspidistra, George Orwell



Ma note: 8,5/10

Voici la quatrième de couverture: À travers l'histoire de la descente aux enfers de Gordon Comstock puis de sa rédemption, ce roman de l'auteur de 1984 est à la fois la satire du monde où l'argent a remplacé le divin et celle de la révolte individualiste et négative. Armé d'un humour corrosif, Orwell dénonce et ridiculise le conformisme de l'English Way of Life tel que le conçoit pour son salut un personnage qu'il traite pourtant avec tendresse. Car il s'agit pour l'auteur de sauver l'aspidistra, fleur symbole de l'Angleterre, c'est-à-dire la convivialité et l'humble désir de vivre. L'humanisme sans concession d'Orwell atteint ici le lecteur au plus profond de sa conscience.

Orwell n'est pas l'écrivain d'un seul livre. Même si "1984" est selon moi le plus grand chef-d'oeuvre du 20e siècle (et qu'Orwell est l'homme du 20e siècle, toujours selon moi), il a écrit un autre bijou avec "La ferme des animaux". Je ne connaissais pas les autres romans de ce grand écrivain et je découvre donc une autre de ses oeuvres avec "Et vive l'aspidistra". Et c'est excellent.

J'ai un parti pris certain pour ce roman parce que c'est comme si l'écriture d'Orwell s'adresse directement à moi. Un peu acide, mais pas trop, Orwell parvient à trouver le juste milieu dans toutes les facettes du style qu'un écrivain devrait avoir. Pour ce roman-ci en particulier, il commence son récit avec de très longues descriptions plus savoureuses les unes que les autres. Ensuite, on entre dans la vie du personnage principal et dans sa conscience. On croirait par moments lire une prose écrite à la première personne mais l'écrivain parvient à garder la troisième personne du singulier d'une façon que je m'explique mal. Ainsi, quand il redirige son action vers d'autres personnages que Gordon (le personnage principal), c'est comme s'il nous sortait de l'histoire et par le fait même, George Orwell parvient à nous déstabiliser. Ce qui est relativement rare en littérature.

Aussi, c'est le genre de livre que j'aime parce qu'entre autres, l'histoire, 80 ans plus tard, nous touche encore. Paul Auster avait écrit sur ce thème - du poète raté qui n'a pas assez d'argent pour survivre - avec son "Moon palace" mais d'une façon plus intimiste. Ici, avec "Et vive l'aspidistra", Orwell est davantage dans les dialogues que Paul Auster et la déchéance extérieure du personnage. Ses relations, son travail, son habitat, etc. Mais par-dessus tout, Orwell écrit un livre contre l'argent. Et sur ce point, ce n'est pas une réussite totale parce qu'il revient trop souvent sur le sujet de l'argent et ainsi, cela porte ombrage sur le reste de l'histoire.

La traduction est faible, très faible, et la plume de l'auteur n'est pas aussi mature que celle de "1984". Elle souffre d'un peu trop de désinvolture et certains passages ne sont plus d'actualité malgré un propos intemporel, ou presque. Mais si j'y vais avec mes goûts, je crois que c'est un chef-d'oeuvre. Parce que personnellement, je raffole de ce genre de roman et par moment, je croyais que l'auteur l'avait écrit pour moi.

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