vendredi 26 octobre 2012

Le rabaissement, Philip Roth



Ma note: 7/10

Voici la quatrième de couverture: Pour Simon Axler, le personnage principal du nouveau livre de Philip Roth, tout est fini. Il fut l'un des plus grands acteurs de sa génération. Il a maintenant soixante ans passés, et il a perdu son talent, sa magie, sa confiance en lui. Falstaff, Peer Gynt, Vania, ses plus grands rôles : il n'en reste rien, du vent. Quand il monte sur scène, il se sent incapable de jouer, d'entrer dans la peau d'un autre. Sa femme l'a quitté, son public aussi, son agent ne parvient pas à le convaincre de remonter sur les planches. Au milieu de cette crise terrible et inexplicable se produit un nouvel épisode qui traduit son besoin de compensation. Voici Simon Axler saisi d'un désir érotique violent, qui, loin de le conduire au réconfort espéré, va au contraire provoquer une fin inattendue et très noire. Au cours de ce voyage dans les ténèbres, raconté avec la maestria habituelle à Philip Roth, ce sont toutes nos illusions qui sont démolies, qu'elles touchent au talent, à l'amour, au sexe, à l'espoir ou à notre réputation en société. Le rabaissement est le trentième livre de Philip Roth.

Lors d'une entrevue pour La grande librairie de la télévision française, Philip Roth disait s'être inspiré des écrivains qui arrivent à la vieillesse, comme lui, et qui perdent leur force créatrice, leur talent, etc. Il disait aussi que cela ne l'avait pas atteint, de même que d'autres auteurs comme Joyce Carol Oates et qu'ils se considéraient tous chanceux. Certains critiques littéraires ont par contre affirmé que ce roman prouvait que la perte d'un certain talent avait touché l'écrivain Roth. Qu'il manquait quelque chose dans ce roman et surtout, que le Philip Roth de la belle époque était bel et bien disparu.

Pour ma part, je n'irai pas jusque-là. Il faut savoir que Philip Roth s'est aussi inspiré d'écrivains comme Dostoïevski et Tolstoï pour écrire le cycle "Némésis" dont "Le rabaissement" constitue le troisième et avant-dernier roman. Alors, on doit prendre ces courts romans comme ils sont. On ne doit pas s'attendre à de la très grande littérature, comme ses romans précédents, tout comme les romans plus courts de Dostoïevski et Tolstoï n'étaient pas aussi grandioses que "Guerre et paix" et "Les frères Karamazov". Et c'est en ce sens qu'il dit s'être inspiré de ces deux grands maîtres, en écrivant des romans qui graviteraient autour de son oeuvre principal. Il a par ailleurs avoué que le dernier de ce cycle, le roman "Némésis", serait son dernier à vie et qu'il avait dit tout ce qu'il avait à dire.

Et cela paraît quelque peu dans "Le rabaissement". On sent un léger essoufflement de l'auteur, ce qui me pousse à comparer celui-ci avec les derniers de Milan Kundera, sa période française, plutôt qu'aux romans plus courts de Dostoïevski et Tolstoï.

Pour terminer, il apparaît clairement que le thème central de ce cycle est celui de la perte. Et pour "Le rabaissement", c'est fait sans subtilité. Le personnage principal perd drastiquement son talent d'acteurs. S'ensuit une lecture pessimiste, noire, nihiliste. La chute du récit est impressionnante, et c'est toute la condition humaine qui est touchée. Même s'il n'aime pas la psychanalyse, l'auteur joue sans cesse dans ses plates-bandes et avec une force particulière. C'est un roman de fin de carrière, écrit par un bourgeois littéraire, qui semble essoufflé, qui a dit son dernier mot (avec "Némésis", le roman qui vient tout juste de sortir en français) mais qui nous prouve, malgré tout, que derrière chaque génie, il reste toujours un petit quelque chose de bon.

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