samedi 6 octobre 2012

Manuel de peinture et de calligraphie, José Saramago



Ma note: 8,5/10

Voici la quatrième de couverture: H, peintre conventionnel et sans véritable talent est chargé de faire le portrait de S, directeur d'une grande entreprise. Conscient de ses limites, souffrant de la médiocrité de ses toiles et de la banalité de sa vie, H décide de s'interroger sur le sens de son existence et sur celui de son art. Pour cela, il commence à exécuter dans le secret de son atelier un second portrait de S et, parallèlement, décide d'écrire un journal. Peu à peu, il découvrira qu'en peignant un autre c'est lui-même qu'il peint et qu'en voulant mieux se connaître à travers l'écriture c'est vers l'art que celle-ci le conduit. Le journal de H, en rendant inséparable la vie d'un homme de son oeuvre dans un constant va-et-vient entre réalité et fiction, mensonge et vérité, nous offre un des plus beaux romans sur les rapports entre la vie et l'art, l'éthique et l'esthétique.

Lorsque je place une note pour un roman, j'essaie toujours de la donner, pour la moitié, objectivement, et l'autre moitié, subjectivement. Et ici, pour ce roman magnifique, je lui aurais donné une note parfaite si je l'avais fait uniquement en étant subjectif.

En effet, "Manuel de peinture et de calligraphie" (c'est bel et bien un roman malgré le titre trompeur) est le genre de récit que j'aime plus que tout autres. On est dans la tête du narrateur et peintre tout au long du bouquin, il nous parle de Marx et Goya, il y a une touche de nihilisme et de mélancolie qui s'en dégage, l'art est très présent, l'intrigue est effacée et pour le moins subtile ce qui laisse la place à la pensée, et finalement, c'est plus qu'un huis clos conventionnel, c'est un emprisonnement psychologique.

Contrairement à "L'aveuglement" et "Caïn" que j'avais lus dernièrement, celui-ci est davantage proche des autres grands écrivains (et romans) contemporains. J'y ai vu quelques ressemblances avec mes écrivains préférés dont Roberto Bolaño, Philip Roth, Paul Auster, Milan Kundera et Michel Houellebecq. La plume de Saramago est aussi davantage dans les règles de l'art du roman que ses romans plus récents. Le choix des virgules, les dialogues et la prose sont moins originaux. L'érudition de l'auteur est moins grande qu'avec "Caïn" et "l'aveuglement" et le choix des mots devient donc un peu plus terne. Mais cela ne porte pas ombrage au roman en tant que tel, qui lui est d'une force rare en littérature.

Et par-dessus tout, c'est le mélange des beaux-arts et de la littérature (l'écriture) qui m'a le plus convaincu. C'est fait avec une grande délicatesse et le tout s'imbrique dans un nihilisme de la vie ordinaire, du manque de talent, de la vie qui fuit et qui nous glisse entre les mains. Bref, je vous conseille grandement ce livre qui n'est sans doute pas parfait, mais que j'ai aimé au plus haut point.

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