jeudi 22 novembre 2012

Contre-jour, Thomas Pynchon



Ma note: 8,5/10

Voici la quatrième de couverture: Avec ce roman planétaire et foisonnant qui débute par l'Exposition universelle de Chicago, en 1893, pour s'achever au lendemain de la Première Guerre mondiale, à Paris, Pynchon réussir son oeuvre la plus ambitieuse et la plus émouvante. S'attachant à dépeindre aussi bien les luttes anarchistes dans l'Ouest américain que la Venise du tournant du siècle, les enjeux ferroviaires d'une Europe sur le point de basculer dans un conflit généralisé, les mystères de l'Orient mythique ou les frasques de la révolution mexicaine, l'auteur déploie une galerie de personnages de roman-feuilleton en perpétuelle expansion - jeunes aéronautes, espions fourbes, savants fous, prestidigitateurs, amateurs de drogues, etc. -, tous embringués dans des mésaventures dignes des Marx Brothers. Au coeur du livre, la famille Traverse : Webb, mineur et as de la dynamite, exécuté sur ordre du ploutocrate Scarsdale Vibe ; ses enfants, tous hantés par la mort de leur père, certains bien décidés à le venger, d'autres déjà avalés par les contradictions du siècle naissant. Et gravitant autour d'eux, tels des astres égarés, quelques figures hautes en couleur, qui toutes ont un compte à régler avec le pouvoir. Veillant sur ce « petit monde », quelque part dans les airs : les Casse-Cou, bande de joyeux aéronautes qui, avec le lecteur, suivent non sans Inquiétude la lente montée des périls. Empruntant avec jubilation à tous les genres - fantastique, espionnage, aventure, western, gaudriole -, rythmé par des Incursions dans des temps et des mondes parallèles, écrit dans une langue tour à tour drolatique et poignante, savante et gourmande, Contre-jour s'impose comme une épopée toute tendue vers la grâce.

Et cette grâce est rendue, en français, par un traducteur extraordinaire. Comme je l'écrivais lors de ma précédente critique - celle de "Vice caché" de ce même Pynchon - la traduction de cet auteur doit être extrêmement difficile à rendre dans une langue nuancée comme le français. Mais ici, avec Claro, ce traducteur que je ne connaissais pas et qui m'a ébloui, tout est parfait, à l'exception de quelques mots d'argot ici et là. Avec 1200 pages à traduire, on peut dire qu'il a fait un travail remarquable.

Ce qui me conduit à parler de l'auteur. Sa plume coule, elle est d'une fluidité digne d'un Dostoïevski mais avec la retenue d'un Tolstoï. Tout en métaphysique, comme Dostoïevski, il touche à plusieurs genres, un peu comme le "2666" de Roberto Bolaño. De plus, il partage plusieurs aspects de la forme de "2666", notamment les divisions de son corpus de même que sa voluminosité. Pynchon nous signe ici un chef-d'oeuvre qui pourrait nous divertir (et nous interroger) sur plusieurs lectures consécutives. Ce qui en fait un des bouquins les plus littéraires qu'il m'ait été donné de lire, avec ses nombreux angles possibles d'analyses.

Son côté historique ressort de l'ensemble de l'oeuvre et d'une lecture plus globale (comme je l'ai approché lors de cette première lecture). L'anarchisme traverse tout le bouquin et le fantastique est davantage présent de ce que j'aurais cru. Les fils conducteurs entre les parties sont tellement minces qu'ils nous échappent la plupart du temps. D'autres relectures s'imposent donc, pour y découvrir le sens de l'oeuvre, de même que ses détails.

C'est du grand art, mais je ne suis pas certain que le livre forme un tout. Le roman est d'une subtilité déstabilisante. Le New Age scientifique, mathématique, vient rajouter une complexité peut-être pas nécessaire. Je ne sais pas trop. Mais une chose est sûre, c'est que ce livre est d'une originalité que j'ai rarement lue et je le relirai certainement. L'histoire en tant que telle nous joue des tours, mais attendons avant de se prononcer pleinement sur le contenu de celle-ci. Oui, attendons.

2 commentaires:

  1. Merci pour ton commentaire car j'avais abandonné la lecture de ce livre à mi-parcours. Je m'étais perdu dans tous les détails donnés par l'auteur et la multiplicité des intrigues. Ta passion fait plaisir à lire !

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