vendredi 11 janvier 2013

Le rapport de Brodie, Jorge Luis Borges



Ma note: 6/10

Voici la quatrième de couverture: « En 1885 Kipling avait commencé, à Lahore, une série de brefs récits, écrits de façon simple, dont il allait faire un recueil en 1890. Beaucoup d'entre eux - In the House of Sudhoo, Beyond the Pale, The gate of the Hundred Sorrows - sont de laconiques chefs-d'œuvre ; je me suis dit un jour que ce qu'avait imaginé et réussi un jeune homme de génie pouvait, sans outrecuidance, être imité par un homme au seuil de la vieillesse et qui a du métier. Cette pensée a eu pour résultat le présent volume que mes lecteurs jugeront. » J. L. Borges.

Petit recueil de 150 pages qui compte 11 nouvelles, "Le rapport de Brodie" est décevant, surtout si l'on a déjà lu Borges. Contrairement au "Livre de sable" et à "Fictions", entre autres, on est ici sur le terrain du réalisme. Selon moi, cela ne fait pas à Luis Borges, parce que sa force, à l'exception de son style impeccable, se situe plutôt dans l'imaginaire, le merveilleux, le fantastique. Dans le présent livre, il y a certes quelques nouvelles qui appellent au mystère, mais dans l'ensemble, le réalisme prend le dessus et les récits deviennent vite banals.

La plupart des nouvelles commencent avec une mise en abyme, un peu comme le fait Paul Auster pour ses romans. Le narrateur devient l'intermédiaire d'une histoire qu'il s'est fait raconter par une connaissance. La nouvelle qui m'a le plus marqué (et que j'ai aimé) est celle sur Bolivar, le Libertador de l'Amérique du sud. On y discute de lettres retrouvées et cela débouche sur une impressionnante discussion (et même une allégorie) sur le rôle de l'écrivain. La pensée de Schopenhauer vient y faire son tour, notamment sur le rôle de la volonté par opposition à celui de la dialectique. Borges est très influencé par le philosophe de Dantzig et son spectre traverse donc l'oeuvre de Borges au complet.

Une autre nouvelle intéressante est celle qui a pour titre "Histoire de Rosendo Juarez" et où Borges nous tend un piège, en ce sens qu'il nous force à nous questionner sur la lâcheté, son origine, sa définition, etc. Ainsi, il pose la question à savoir s'il vaut mieux affronter le grand danger quand il se présente ou plutôt, comme le fait le personnage principal de la nouvelle, plier bagage et partir.

Mais pour le reste du bouquin, je me suis ennuyé. Avec le réalisme, comme c'est le cas ici, je crois qu'un développement plus long s'impose. Souvent, les meilleurs livres de ce genre en particulier sont les plus longs (les romans-fleuves). Parce qu'il n'est pas facile de faire une peinture de la société, de ses citoyens, de ses histoires, etc., en seulement quelques pages.

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