mercredi 25 septembre 2013

Docteur Pasavento, Enrique Vila-Matas


Ma note: 8/10

Voici la présentation de l'éditeur: « J’ai décidé tout à coup d’arrêter de tourner autour du pot et de disparaître moi-même. Disparaître, tel était le grand défi. » Écrivain, Andrés Pasavento a en horreur la gloire littéraire. Caché à Naples, où il se fait passer pour un docteur en psychiatrie, il aurait pourtant bien aimé qu'on le recherche, à l'instar d'Agatha Christie. Mais il doit peu à peu affronter la vérité : personne ne pense à lui. Sur les traces du poète Robert Walser, son modèle dans l’art de n’être rien, il poursuit alors son errance en Suisse et tente véritablement de disparaître. Né à Barcelone en 1948, Enrique Vila-Matas est l’auteur d’une œuvre profondément originale qui brise les conventions d’écriture pour explorer des thèmes comme le mensonge, l’imposture ou la disparition. Il a reçu le prix Médicis étranger en 2003 pour Le Mal de Montano.

Collègue et ami de Roberto Bolaño, mon écrivain préféré, Enrique Vila-Matas est, de plus, souvent considéré comme le meilleur écrivain contemporain de langue espagnol avec ce même Bolaño. "Docteur Pasavento" nous amène sur les traces de deux autres écrivains extrêmement importants pour moi, Agatha Christie et Robert Walser. Il s'inspire d'un fait divers pour la première mais fondamentalement, ce roman est inspiré de la vie et de l'oeuvre du second.

D'emblée, on ne sent pas la rage littéraire qui enflamme les écrits de Roberto Bolaño, non plus la folie créatrice et géniale de Robert Walser. Par contre, avec Vila-Matas, et c'est frappant dès le début lorsqu'il écrit sur Montaigne et Descartes, on voit une érudition et un désir très fort d'écrire sur la littérature elle-même et ainsi, le résultat est très "littéraire", pris dans l'abstrait, éloigné du roman réaliste. Le personnage principal, l'écrivain Pasavento, est passionné du thème de la disparition et il veut ressuscité sous une autre persona. Il a les mêmes goûts littéraires que moi, ce qui m'a fait apprécier le roman, et il est passionné, le mot est faible, par Robert Walser, autant que je le suis. On assistera à la désintégration de sa personnalité plus le roman avance. Il admire "le glissement vers le silence" de Walser et tentera de l'imiter. À travers cette quête du rien, si l'on prend pour acquis que disparaître c'est n'être rien, Vila-Matas appuiera sa thèse sur une foule de références aux grands auteurs, même si Walser reste le point central, parce que l'on sent qu'il lui rend un vibrant hommage. Pasavento, quant à lui, nous écrit de sa disparition, où il devient effacé. Il écrit à la première personne pour ne pas masquer son "je" avec un "il" comme d'autres auteurs le font.

Je crois que Vila-Matas est proche d'un Kundera, d'un Musil, d'un Sollers. Et un peu d'un Carrère et d'un Auster. Il écrit sur un thème cher à Cioran et Emily Dickinson. C'est un roman qui se rapproche de la métaphysique, de la leçon d'écriture aussi. Il analyse la relation entre la réalité et la fiction à travers une utopie personnelle qui débouche sur la conquête ultime du moi dans le but de se débarrasser de la persona. Le style est précis, mais il n'a pas un vocabulaire extraordinaire. Si on rassemble tous les éléments qui donnent la forme à un roman, "Docteur Pasavento" est agréable à lire.

Cependant, je pense que ce bouquin aura du mal à plaire à tous. Les références sont trop nombreuses, on est davantage dans l'étalage de connaissances que du roman en tant que tel. C'est proche de l'essai. Il y a tellement de références qu'elles peuvent parfois devenir encombrantes, surtout au début où j'ai eu peine à rentrer dans ce livre. Avec toutes ces citations, le lecteur est en droit de se demander si Vila-Matas s'est vraiment accaparé son roman (et son sujet, la disparition volontaire). Mais finalement, même si le début a été ardu pour moi, une fois rentrée, on n'y sort pas !

Aucun commentaire:

Publier un commentaire