mardi 7 janvier 2014

Le procès-verbal, J.M.G. Le Clézio


Ma note: 8/10

Voici la quatrième de couverture: «On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours ; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre : il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes ; je leur laisse ces ordures en guise de testament ; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre...»

Le procès-verbal est le roman qui aura fait connaître le futur Prix Nobel de littérature J.M.G. Le Clézio. Il est un excellent écrivain français contemporain, ce qui est rare. Ce roman lui apportera le Prix Renaudot alors qu'il était encore au début de la vingtaine, un autre exploit pour cet auteur.

Adam Pollo est un jeune homme peut-être sorti d'une clinique psychiatrique qui vit reclus dans une maison qu'il habite clandestinement. Le peu de gens qu'il connaissait pensent qu'il est mort, il a tout plaqué pour vivre seul. Il vivait en ville, il vit maintenant à la campagne. Il écrit à une certaine Michèle (imaginaire ?). Adam imagine trop, il vit dans ses pensées, ses hallucinations. Il semble être aussi déserteur de l'armée. En fait, il se demande, et nous aussi, s'il sort de l'asile ou de l'armée. Je me demande même s'il y a une différence entre les deux. L'énigmatique Michèle vient le rencontrer. Adam devient de plus en plus spécial, il vit des aventures dans un monde qu'il ne fréquente plus. Il correspond de nouveau avec Michèle et dans la deuxième moitié du roman, Adam s'enfonce encore plus dans les ténèbres de sa folie.

C'est le roman le plus intimiste de Le Clézio que j'aie lu. Le premier roman d'un écrivain est souvent semi-autobiographique et l'on se demande si celui-ci est de cette nature. Subséquemment, Le Clézio a davantage écrit sur l'évasion, sur le voyage, sur la découverte. Il écrivit toute sa carrière sur le "sortir" de soi, pour mieux découvrir son "moi". Dans "Le procès-verbal", c'est surprenant à quel point le style, la forme, le propos sont traités avec grande maturité par un jeune homme dans la vingtaine. On retrouve quelques thèmes de "Moon Palace" de Paul Auster. La solitude, les hallucinations, la délivrance, entre autres. L'histoire est aussi un peu la même : un jeune homme complètement reclus et qui redécouvre ensuite le "dehors" pour répandre une certaine "bonne nouvelle" qu'il s'est construite de l'intérieur. "Le procès-verbal" est un des nombreux romans qui développent le sujet d'un homme désoeuvré et surtout décalé du monde qui, à défaut de pouvoir bien vivre dans la société, prend la voie de la marginalité. Mais lorsque cette idée est bien amenée, et que le livre est bien écrit, comme c'est le cas ici, la répétition de la chose devient moins oppressante. Avec un style d'écriture proche de la poésie, Le Clézio parvient dès ce premier roman à faire sentir sa forte présence littéraire et on a la surprise de constater qu'un premier roman (d'un très jeune auteur) peut être parfaitement mené à terme.

4 commentaires:

  1. J'aime beaucoup La Clézio ("Désert" est l'un de mes romans préférés) mais curieusement, je n'ai jamais lu Le Procès-Verbal... Encore une lacune à combler !!

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  2. Moi aussi j'adore cet auteur et "Désert" est sur ma liste. :)

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    1. Et bien, c'est fait, j'ai lu Le procès verbal, et j'ai beaucoup aimé, même s'il est assez différent des autres titres que j'ai lus de cet auteur.
      En navigant sur quelques blogs, j'ai lu à son sujet beaucoup d'avis négatifs (plusieurs lecteurs ne l'on même pas fini...) qui m'ont surprise. C'est vrai que rien que l'écriture de Le Clézio, ça me suffit !
      Mon billet prochainement...
      Penses-tu lire "Désert" bientôt ?

      Bonne soirée..

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  3. Moi aussi juste l'écriture de Le Clézio me suffit. ;) Pour Désert je l'ai dans ma liste à acheter cette année mais comme j'ai énormément de lecture de prévu, je ne sais même pas si je vais pouvoir le lire dans les 12 prochains mois malheureusement. Et c'est le même problème pour "Chronique de l'oiseau à ressort" de Murakami que tu m'as conseillé, plein d'écrivain le trouve plus qu'excellent, comme Jonathan Franzen entre autres. Et ce livre de Murakami a longtemps été indisponible et il vient tout juste d'être réédité. Je pense que c'est le seul que je n'ai pas encore lu de lui. Mais en tout cas, je vais certainement finir par lire ces deux livres et les critiquer sur le blogue.

    Bonne fin de soirée...

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