J’ai décidé d’effacer le top 50 de mes livres préférés de mon blog de même que la liste des 120 chefs-d’œuvre pour regrouper le tout dans un top 100 de mes écrivains favoris (avec les romans que j’ai préférés pour chaque auteur). Il sera suivi d’un commentaire sur ce classement. Il est en ordre décroissant et ainsi, vous devez descendre jusqu’en bas pour voir la première position ! Bonne lecture ! (J'ai surligné le roman que je préfère de chaque auteur.)
100) Michel Houellebecq
-La carte et le territoire
-Les particules élémentaires
99) Christian Bobin
-La dame blanche
98) Kazuo Ishiguro
-Auprès de moi toujours
97) Ernest Hemingway
-L’adieu aux armes
96)Stendhal
-La chartreuse de Parme
95)Joseph Roth
-Le poids de la grâce
94)Patrick Modiano
-Accident nocturne
-Dora Bruder
93)Yukio Mishima
-Le pavillon d’or
92)Günter Grass
-Les années de chien
91)Mikhaïl Boulgakov
-Le maître et Marguerite
90)Ievgueni Zamiatine
-Nous autres
89)Sofi Oksanen
-Purge
88)Maxime Gorki
-Tempête sur la ville
87)Stig Dagerman
-L'enfant brûlé
86)Danilo Kis
-Chagrin précoce
85)Chateaubriand
-Atala. René. Le dernier Abencerage
84)Amos Oz
-Seule la mer
83)Denis Diderot
-Jacques le fataliste
82)Michael Cunningham
-Les heures
81)Malcolm Lowry
-Au-dessous du volcan
80)James Joyce
-Portrait de l'artiste en jeune homme
79)Alice Munro
-Secrets de polichinelle
78)Jonathan Franzen
-Les corrections
77)John Banville
-La mer
76)Per Petterson
-Pas facile de voler des chevaux
75)Enrique Vila-Matas
-Docteur Pasavento
74)Edouard Limonov
-Journal d’un raté
73)Ivan Tourgueniev
-Père et fils
72)Patrick Süskind
-Le parfum
71)Carson McCullers
-Le coeur est un chasseur solitaire
70)Knut Hamsun
-La faim
69)Julio Cortazár
-Les armes secrètes
68)F. Scott Fitzgerald
-Gatsby le magnifique
67)Nicolas Gogol
-Les âmes mortes
66)Jean-Paul Sartre
-La nausée
65)Albert Camus
-La chute
-La peste
64)Charlotte Brontë
-Jane Eyre
63)Honoré de Balzac
-La peau de chagrin
62)Nathaniel Hawthorne
-La lettre écarlate
61)Anton Tchekhov
-Une plaisanterie et autres nouvelles
60)Alexandre Pouchkine
-La fille du capitaine
59)Oscar Wilde
-Le portrait de Dorian Gray
58)Heinrich von Kleist
-Michael Kohlhaas
57)Mary Shelley
-Frankenstein
56)Bram Stoker
-Dracula
55)Italo Svevo
-La conscience de Zeno
54)Hermann Hesse
-Le loup des steppes
53)Philip K. Dick
-Coulez mes larmes, dit le policier
-Le temps désarticulé
-Ubik
52)Joseph Conrad
-Le coeur des ténèbres
51)J.M. Coetzee
-Disgrâce
-En attendant les barbares
50)Anthony Burgess
-Les puissances des ténèbres
49)Imre Kertész
-Le refus
48)Saul Bellow
-Herzog
-La planète de Mr. Sammler
-Ravelstein
47)Franz Kafka
-Le château
-La métamorphose
46)Orhan Pamuk
-Le musée de l’innocence
-Mon nom est Rouge
-Neige
45)Stefan Zweig
-Le joueur d’échecs
-Lettre d'une inconnue
44)Ivan Gontcharov
-Oblomov
43)Émile Zola
-La saga des Rougon-Macquart
42)Alexandre Dumas
-Le comte de Monte-Cristo
41)Herta Müller
-Animal du coeur
-La bascule du souffle
-La convocation
40)J.M.G. Le Clézio
-Étoiles errantes
-Onitsha
-Ourania
39)Henry Fielding
-Histoire de Tom Jones
38)Peter Handke
-L’absence
37)Thomas Mann
-Le docteur Faustus
36)W.G. Sebald
-Campo Santo
35)Pietro Citati
- La mort du papillon
34)Gao Xingjian
-La montagne de l’âme
-Le livre d'un homme seul
33)Milan Kundera
-La plaisanterie
-La vie est ailleurs
-Le livre du rire et de l’oubli
-L’immortalité
-L’insoutenable légèreté de l’être
32)William Faulkner
-Le bruit et la fureur
-Tandis que j’agonise
31)Charles Dickens
-De grandes espérances
30)Benjamin Constant
-Adolphe
29)Haruki Murakami
-1Q84
-La ballade de l’impossible
28)Mo Yan
-Grenouille
-Le supplice du santal
-Les treize pas
27)Henry James
-Washington square
26)Paul Auster
-Brooklyn folies
-Invisible
-La trilogie newyorkaise
-Le voyage d’Anna Blume
-Moon palace
25)George Orwell
-1984
-Et vive l’aspidistra !
24)Jorge Luis Borges
-Fiction
-L’Aleph
-Le livre de Sable
23)Céline
-Voyage au bout de la nuit
22)Thomas Bernhard
-Le naufragé
-Le neveu de Wittgenstein
-L’imitateur
-Oui
21)Herman Melville
-Bartleby le scribe
-Moby Dick
20)George Eliot
-Le moulin sur la floss
-Middlemarch
19)Victor Hugo
-Le dernier jour d’un condamné
-Les misérables
-Les travailleurs de la mer
-L’homme qui rit
-Notre-Dame de Paris
18)Gustave Flaubert
-L’éducation sentimentale
-Madame Bovary
-Salambô
17)Cormac McCarthy
-De si jolis chevaux
-La route
-Méridien de sang
-Sutree
-Un enfant de Dieu
16)Don DeLillo
-Bruit de fond
-Mao II
-Outremonde
15)Elfriede Jelinek
-Enfants des morts
-La pianiste
-Les exclus
14)Philip Roth
-J’ai épousé un communiste
-Ma vie d'homme
-La tache
-Le théâtre de Sabbath
-Pastorale américaine
-Professeur de désir
-Zuckerman enchaîné
13)José Saramago
-Histoire du siège de Lisbonne
-La lucidité
-L’année de la mort de Ricardo Reis
-L’autre comme moi
-L’aveuglement
-L’évangile selon Jesus Christ
-Manuel de peinture et de calligraphie
-Tous les noms
12)Marcel Proust
-À la recherche du temps perdu
11)Fernando Pessoa
-Le livre de l’intranquillité
10)Miguel de Cervantes
-Don Quichotte
9)Léon Tolstoï
-Anna Karénine
-Guerre et paix
-La mort d’Ivan Illitch
-Résurrection
8)Johann Wolfgang von Goethe
-Les années d’apprentissage de Wilheim Meister
-Les souffrances du jeune Werther
7)Robert Walser
-Le brigand
-Le territoire du crayon
-Les enfants Tanner
-L’Institut Benjamenta
-Retour dans la neige
-Vie de poète
6)Robert Musil
-L’homme sans qualités
5)Virginia Woolf
-Les Vagues
-Mrs. Dalloway
-Vers le phare
4)Vladimir Nabokov
-Ada ou l’Ardeur
-Feu pâle
-Le Don
3)Fiodor Dostoïevski
-Crime et châtiment
-Le double
-Les carnets du sous-sol
-Les frères Karamazov
-Les pauvres gens
-Les possédés
-Souvenirs de la maison des morts
2)Roberto Bolaño
-2666
-Les détectives sauvages
1) Samuel Beckett
-L’innommable
-Malone Meurt
-Molloy
Tout d’abord, je dois dire que je n’ai gardé seulement que les romanciers et les nouvellistes. (De plus, j’ai décidé de ne pas inclure la majorité des écrivains de « genre » comme Stephen King pour l’horreur, Agatha Christie pour le policier, Dan Simmons pour la science-fiction, etc. Par contre, j’ai gardé sur ma liste Philip K. Dick parce qu’il est un véritable génie et quelques autres). Si j’avais inclus les poètes, les dramaturges, les essayistes, les philosophes, etc., comme mon idole Harold Bloom l’a fait dans sa liste, Giacomo Leopardi aurait sans aucun doute occupé la première place, suivi d’Arthur Schopenhauer, et Samuel Beckett en troisième position. Mais la question centrale de ce classement c’est : pourquoi Beckett ? Comme dramaturge il est, selon moi, aussi puissant que Shakespeare et comme romancier il est encore meilleur que Cervantes. Ceux qui suivent mon blogue régulièrement savent que Roberto Bolaño a longtemps été mon premier choix, mais avec le temps, je trouve que Beckett est un meilleur romancier que lui. J’aime Bolaño parce qu’il regroupe en lui-même toutes les littératures. Tous les auteurs. Mais Beckett a créé quelque chose de nouveau. Après 400 ans d’écriture de romans (si l’on compte les années après Cervantes), il est incroyable de voir qu’un écrivain ait réussi à amener la forme romanesque à son terme. Et selon moi, c’est Beckett, et non Proust, Joyce ou Kafka. Je crois qu’il y a un avant et un après Beckett, comme ce fut le cas pour Cervantes. Seul le temps, qui est impitoyable en littérature, me donnera raison ou tort. Le premier choix d’un tel classement est souvent un coup de cœur personnel sans vraiment porter attention à l’opinion des spécialistes, des critiques littéraires. Roberto Bolaño rentrait mieux dans cette case, comme numéro un, parce que le temps qui passe ne l'a pas encore consacré comme faisant partie du groupe d’élite que forme mon top 10. Et avec raison. Sa mort subite à l’âge de 50 ans (en 2003) est trop près de nous. Alors ? A-t-il sa place avant les Dostoïevski, les Goethe et les Tolstoï ? À vous de répondre. Selon moi, oui. Je crois que les décennies le consacreront comme un écrivain majeur de notre époque. Toutefois, il est périlleux de dire en littérature qui sera encore lu dans 50, 100 ou 200 ans. Même si j’ai placé Beckett en première position, je crois que Dostoïevski est l’écrivain le plus talentueux de l’histoire. Sa prose est trop puissante pour avoir de la compétition. Je l’ai placé au troisième rang parce qu’il n’avait pas le temps de bien peaufiner ses œuvres. Dans la biographie qu’elle a écrite sur ses années avec Dostoïevski, sa femme affirme qu’il devait absolument publier rapidement, sans pouvoir faire de corrections à cause des difficultés financières qui l’accablaient (il était joueur compulsif et sa famille lui coûtait cher). Ensuite, le choix qui m’a donné le plus de mal est la position 13, parce que je me demandais si elle revenait à Philip Roth ou José Saramago. Roth est peut-être le seul auteur de notre époque qui sera encore lu dans 200 ans, en tout cas c’est sur lui que je miserais, mais Saramago est le plus talentueux. C’est pour cela que je l’ai placé avant Roth. Notamment, (contrairement à la grande majorité des écrivains), il n’a pas réécrit constamment le même roman. Chacune de ses œuvres est différente. Différente du reste de son corpus mais aussi de celui des autres auteurs. Quant à Samuel Beckett, voyez ce que Harold Bloom disait de lui à la fin des années 80 : "Probably the most powerful living Western writer is Samuel Beckett. He's certainly the most authentic." Et dernièrement j’entendais l’excellent George Steiner dire que Beckett était le plus grand écrivain de notre époque.
Plusieurs diront que ce genre de classement est déplacé, notamment parce que tous les romans se valent, que c’est basé seulement sur l’opinion du lecteur et l’idéologie qu’il défend. Ce genre de commentaires provient habituellement du milieu universitaire, parce que les vrais lecteurs, les solitaires, les passionnés, savent très bien que les auteurs ne se valent pas tous. Je ne dis pas que les universitaires sont tous de mauvais lecteurs, au contraire, ils sont meilleurs que nous, les blogueurs, mais quelques-uns ont tort selon moi. Ils font lire Foucault et non Shakespeare. Ils analysent Derrida et pas Sophocle. (j’ai bien dit quelques-uns, donc, pas besoin de m’insulter en commentaire, merci). Lisez la poésie de Leopardi et celle de Houellebecq. Deux nihilistes de deux époques différentes. Le premier est infiniment supérieur au deuxième. Le problème avec certains universitaires, c’est qu’ils analyseront Houellebecq tellement en profondeur qu’ils ne verront plus la différence. En théorie littéraire il y a deux visions qui s’opposent. Premièrement, celle à laquelle j’adhère, la vision « esthétique », celle qui place l’art au centre de tout, l’art pour l’art, défendue par mes critiques préférés : Harold Bloom, James Wood, et peut-être pouvons-nous placer un George Steiner qui est certes moins radical que les deux autres sur ce point, mais qui a écrit de belles pages sur les auteurs qu’il vénère pour la beauté de leur prose. L’autre école est celle de « l’instrumentalisation » de la littérature dans un but de transformation de la société. Les études (littéraires) marxistes, féministes, postcoloniales, etc., en font partie. Les critiques et théoriciens qui représentent cette école sont Terry Eagleton, Michael Hardt et la philosophe Judith Butler (et d’autres aussi). Même si je lis à l’occasion le deuxième groupe, je vous recommande, et de loin, davantage les premiers si la théorie littéraire vous intéresse. Ensuite, quelque part entre ces deux pôles, il y a un Roland Barthes qui veut sortir de cette dichotomie. Mais tout cela est plus compliqué que ce petit résumé de la situation. Certains auteurs comme Terry Eagleton empruntent un peu au premier groupe sur certains sujets et le premier groupe emprunte au deuxième, et ainsi de suite. Bref, il faut lire ces théoriciens pour bien comprendre les enjeux qui sont plus compliqués que ce qu’ils paraissent.
Martin Amis disait avec justesse que la littérature est une guerre contre les clichés. Et je crois que c’est la meilleure voie pour savoir si un roman est mauvais, bon ou excellent. Prenez Beckett, mon écrivain préféré. Je vous mets au défi de trouver un seul cliché, un seul lieu commun dans sa trilogie romanesque. Non qu’il ne soit pas influencé par certains auteurs, par ce qu’il y a autour de lui, etc. Mais les génies comme lui ont su se défaire de leur influence (et surtout des clichés des médias de masse, de la société) pour écrire une œuvre totalement originale. Écoutez les conversations autour de vous. Lisez les mauvais romans. Entendez les médias de masse. Regardez les publicités débiles. Ce n’est que clichés par-dessus clichés. La force de la littérature, selon moi, c’est d’aller au-delà de ce monde terne, ennuyeux, pour créer une sorte d’étrangeté qui, dans un premier temps nous fera connaître l’humain davantage en profondeur, avec une autre perspective, mais aussi nous entraînera dans un monde différent et des contrées différentes (et je ne parle pas spécifiquement de science-fiction).
La pire chose avec ces classements c’est qu’ils sont à jeter aussitôt publiés. À chaque fois qu’on lit un roman, notre pensée évolue, nos goûts changent. Je le mettrai donc à jour une fois de temps en temps. Comme je le disais dans mon précédent classement, il ne faut pas se fier aux notes que je donne et en faire la comparaison avec ce top 100. J’attribue seulement ces notes pour accommoder ceux qui n’ont pas le temps de lire mes chroniques au complet. De plus, la littérature est selon moi un souvenir, une gestation qui évolue comme notre mémoire évolue elle aussi. On peut ne pas avoir aimé un livre à un tel moment de notre vie, et l’adorer quand on le relit ou simplement quand on y repense, quand le temps aura fait son œuvre.
Si j’avais établi ce top 100 d’une façon totalement objective, don Quichotte de Cervantes aurait à coup sûr occupé le premier rang. À peu près tous les grands lecteurs s’entendent pour dire qu’il est le plus grand roman de tous les temps. C'est certain qu’il est le premier roman moderne et Cervantes a influencé tous les écrivains après lui. Mais j’ai fait ce classement principalement sur mes opinions, mes goûts littéraires, mon appréciation. Et c’est la trilogie romanesque de Beckett qui me revenait sans cesse à l’esprit. Il a réussi à créer l’effet « d’un Dieu qui nous parle », avec ses narrateurs placés « au-dessus » du lecteur, où le dépouillement de la langue et la perte de repères créent un sentiment d’étrangeté métaphysique. Il est celui que je lis continuellement, après Leopardi. (je lis ce dernier presque à chaque jour). J’ai lu aussi le théâtre de Beckett, et je le trouve excellent. Je dis cela parce que cet écrivain est surtout reconnu pour ses pièces, « Fin de partie » (ma préférée) et « En attendant Godot ». Certains classent son théâtre dans le courant « de l’absurde », mais je crois plutôt qu’il n’appartient pas vraiment à un courant en particulier, ce qui est spécifique aux génies.
Bon, je pourrais continuer à écrire sur la littérature pendant des pages et des pages mais je vais m’arrêter ici pour ne pas vous endormir, surtout si vous êtes à votre travail…à bientôt…